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Un collectif de petits actionnaires d’Atos a décidé d’engager une action collective contre les commissaires aux comptes du groupe, dans le but d’obtenir réparation des pertes subies entre 2020 et 2024. Plusieurs centaines de petits porteurs participent déjà à la démarche défendue par l’avocate Sophie Vermeille, connue pour ses actions contre le groupe Casino.
Pour les plaignants, ce sera d’ailleurs l’enjeu principal de ce procès : démontrer la supposée insincérité des comptes. Une autre procédure est à l’étude qui pourrait viser les anciens dirigeants et les membres du conseil d’administration. À ce titre, l’avocate du collectif a effectué des signalements auprès de l’AMF et de la Haute Autorité de l’Audit.
Engager des fonds institutionnels dans la procédure
La procédure visant les commissaires aux comptes, qui s’annonce longue et coûteuse, sera financée par un fonds européen, spécialisé dans ce type de démarche et qui prendra en charge les frais des plaignants. « Nous avons convaincu à ce jour 700 actionnaires d’Atos et nous espérons convaincre jusqu’à 2000 actionnaires pour renforcer la procédure, sachant qu’entre 2021 et 2024, il y a eu environ 12 000 petits actionnaires d’Atos. Certains ont revendu leurs actions mais ils peuvent participer à cette démarche. Nous espérons également convaincre des fonds institutionnels de nous accompagner », confie Marc Prily, à l’origine de la création de l’Upra, qui reconnaît qu’il a été difficile de trouver un cabinet capable de s’engager dans une telle action.
Connue pour ses actions contre le groupe Casino, Sophie Vermeille a passé plusieurs mois à tenter de convaincre des fonds de contentieux de l’accompagner dans cette démarche. Avec succès, selon elle : « Ce sera le plus gros financement d’une action en responsabilité sur les marchés financiers. Certes, les dirigeants ont commis des erreurs ces trois dernières années, mais le problème est plus ancien et profond. Les commissaires aux comptes ont largement leur part de responsabilité, car ils n’ont jamais alerté sur la situation du groupe », estime Sophie Vermeille.
La participation à la procédure sera gratuite pour les petits actionnaires dont le fonds prendra en charge tous les frais du procès, mais le fonds prélèvera un pourcentage sur la somme finale récoltée en cas de victoire.
Une importante campagne de communication
Le collectif cherche aussi à embarquer dans son action des fonds institutionnels (type Blackrock ou fonds souverain norvégien) qui ont perdu de l’argent en tant qu’actionnaires d’Atos. « Pour l’instant, nous avons des marques d’intérêt de la part de fonds institutionnels qui ont subi des pertes de plus 200 millions d’euros. Il est toujours délicat de les convaincre de s’engager dans ce genre de démarches car il est plus simple de tout mettre sous un tapis plutôt que de demander réparation », commente l’avocate Sophie Vermeille.
Le fonds de contentieux commencera par financer une importante campagne de communication sur le sujet pour sensibiliser encore plus les petits actionnaires d’Atos depuis 2020 et les inciter à participer à cette démarche avant d’accompagner les plaignants dans toute la procédure judiciaire qui pourrait durer plusieurs années.
Plusieurs dizaines de millions d’euros d’indemnités
L’objectif est d’obtenir plusieurs dizaines de millions d’euros d’indemnités, sachant que les pertes des actionnaires d’Atos au cours de ces dernières années se chiffrent en centaines de millions d’euros dans la mesure où l’action du groupe s’est littéralement effondrée. Autour de 70 euros en 2020, le cours d’Atos est descendu à environ un centime à la fin de l’année 2024 pour aujourd’hui plonger à 25 millièmes euro (0.0025€).
La somme réclamée est encore en cours d’évaluation : « on doit calculer les pertes éligibles qui sont différentes des pertes totales et c’est encore en cours d’évaluation mais on estime que la société était en crise de liquidités dès 2021 et que des décisions opérationnelles sans aucun sens comme le projet de scission, ont été prises pour masquer l’ampleur des difficultés et inciter les actionnaires à réinvestir », explique Sophie Vermeille.
Une action similaire a récemment été menée contre le groupe d’Ehpad Orpea, rebaptisé Emeis. L’initiative est portée par Kevin Romanteau, fondateur en 2024 de Whitelight Capital et investisseur d’Orpea, avec 1 200 investisseurs issus de plusieurs pays, dont 550 personnes physiques et morales, pour un montant de réparation réclamé supérieur à 180 millions d’euros.
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